Sinon tourna au coin de la ruelle. Ce qu'il vit ressemblait bien plus à un campement gitan qu'à un veritable quartier. Des roulottes et des tentes avaient été posées sans ordre apparent. A sa droite se dressait un unique batiment, dont sortaient et entraient des hommes et des femmes à l'air pressé, portant d'étranges objets, et pour certains suivis par des humanoïdes metalliques à la démarche raide. Quelques uns lui accordèrent un bref signe de la tête. A sa gauche avait été installé un semblant de taverne, où un joyeux bonhomme ventru servait des boissons à l'aspect douteux à une troupe hétéroclite et bigarrée, qui semblait tout à fait satisfaite de n'avoir que des ballots de paille en guise de chaises. Plus loin dans le campement brulait un feu, près duquel jouaient aux dés plusieurs personnages hauts en couleurs. Et bruyants. Oui, sans aucun doute, couleur et bruit étaient les deux mots qui définissaient le mieux cet endroit. Cela correspondait à la description qu'on lui avait faite du Lierre. L'homme qu'on lui avait indiqué devait se trouver ici.
Sinon poussa un douloureux soupir. C'en était bel et bien fini de la vie de chateau. Un nouveau départ s'offrait... Parmi les roturiers. Au beau milieu de ce cirque.
Dans un geste devenu presque rituel, le Vicomte porta la main à la petite bourse de velours qui pendait à sa ceinture, et reprit courage en sentant les pierres sous ses doigts gantés. Il prit une profonde inspiration, se forca à sourire, puis se dirigea vers le comptoir de ce que ces pauvres gens tentaient bien tristement de faire passer pour une taverne. Il aurait tué pour un bain chaud et un verre de vin rouge du Havre.